CODEINE + T-SHIRT

EN CONCERT

Au tournant des années 90, CODEINE ouvre la brêche du slowcore avec son premier album 'Frigid Stars'. Rythmiques lentes, silences étouffants ou salvateurs, déchirures soniques subliment un profond mal-être existentiel. Le trio new-yorkais établit une nouvelle esthétique rock, puissante et vulnérable, lente et pesante comme un après-midi d'ennui adolescent sans fin, où les ténèbres dominent et la lumière affleure sans jamais réellement percer.

Un EP et un album suivront chez Sub Pop (ce dernier enregistré sans le batteur Chris Brokaw), avant la fin prématurée du groupe. Connu pour être l'un des seuls à jouer plus lentement sur scène que sur disque, CODEINE aura eu une existence aussi courte que son influence fut grande, et son culte persistant. Le label archiviste Numero Group ne s'y pas trompé, en lui consacrant un sublime coffret rétrospective en 2012, 'When I See The Sun', puis en publiant l'année dernière le véritable second album du groupe (et son chef d'oeuvre), 'Dessau', composé de morceaux enregistrés 30 ans plus tôt, déjà sortis pour la plupart mais jamais parus dans leur version initiale.

A cette occasion, le trio a donné quelques concerts à guichets fermés aux Etats-Unis, qui l'ont convaincu de revenir en Europe. Cette fois, la tournée s'arrêtera en France, ce qui n'avait pas été le cas lors de la précédente réunion de 2012. Ce seront donc les premiers concerts de CODEINE chez nous depuis... 1994, avec la formation d'origine incluant le chanteur/bassiste Stephen Immerwahr, le guitariste John Engle, et le prolifique batteur Chris Brokaw (Come, The New Year, Martha’s Vineyard Ferries). Une chance inespérée de retrouver sur scène cette abyssale mélancolie, et de mesurer l'influence décisive que le groupe a pu avoir bien au delà du slowcore sur toute une partie de la scène rock et post-rock, marquée par ces alternances de guitares claires ou saturées suspendues au-dessus du vide, de Low à Mogwai en passant par Red House Painters, Duster, Diabologum ou Mendelson.

T-SHIRT a tiré les racines de son esthétique dans le noise rock des années 90, et a laissé en héritage de cette période leur LP Aggravator 2 (2018), sorti avec SK Records et Influenza Records. Leur musique a progressivement intégré des nouvelles sonorités et des nouveaux procédés de composition : naviguant entre le rock expérimental, le post-punk, le metal, la musique minimaliste, le groupe ne laisse pas pour autant tomber la mélodie, et a approfondi la dimension littéraire de ses textes. Il y a comme une recherche d’équilibre entre des contraires, des effets de contraste, entre une musique poétique mais parfois brutale, déstructurée mais organique, qui espère embrasser la multitude de sensibilité de ses quatre membres.